D’abord, pourquoi des ponts entre les cultures?

L’image des ponts est souvent utilisée pour illustrer la communication possible, difficile ou impossible entre des personnes de différentes origines, cultures ou religions. L’idée sous-jacente est que ces personnes vivent une distance culturelle qui crée un vide, voire une rivière difficile à traverser et pouvant être dangereuse, entre elles. Par exemple, dans une relation entre une personne née dans notre région et une qui arrive d’un autre pays d’origine, même si on parle la même langue, les gestes et les comportements qui sont respectueux pour les uns peuvent paraître impolis, voire menaçants pour les autres.

Le pont est dès lors présenté comme une construction commune qui permet des échanges, soit en passant d’une rive à l’autre, soit en s’y retrouvant au milieu.

Dans le cas des comportements qui ont des significations différentes, il s’agira de comprendre le sens du comportement de l’autre, de s’en rapprocher, de saisir que les valeurs sous-jacentes peuvent être semblables, ce qui permet aussi de développer ensemble de nouveaux gestes manifestant le respect mutuel.

Et les cultures?

Les cultures n’existent pas en tant que telles, elles sont toujours portées par des personnes, des groupes et des peuples. Donc, selon l’histoire, le statut socio-économique ou encore les diverses appartenances, les personnes vivront différemment leur culture. Les cultures sont ainsi dynamiques, elles changent dans toutes nos sociétés au fil du temps et des échanges internationaux. Mais elles varient aussi selon les parcours et les réalités des personnes qui, au cours de la migration, se transforment, innovent, entremêlent les cultures, les valeurs et les comportements, que ce soit entre les générations au sein d’une famille, entre les membres d’une équipe de travail multiculturelle ou entre voisins d’un quartier diversifié.

Ainsi, il faut sortir d’une vision folklorique ou essentialiste des cultures qui les considéreraient comme inamovibles.

Sur le pont : le rapprochement interculturel

En suivant l’image des ponts entre les cultures, nos villes et nos régions ont développé des actions de rapprochement interculturel. Il s’agit souvent d’activités qui mettent de l’avant les cultures québécoises, locales et celles des personnes immigrantes, par exemple par des rassemblements autour de la nourriture, de la musique, de la danse ou des particularités de différentes régions du monde.

Le rapprochement interculturel repose sur l’idée que la personne immigrante va s’intégrer à sa nouvelle communauté-société en partageant de bons moments et en mettant de l’avant les bons coups culturels de cette société. Mais l’intégration suppose un double mouvement, de la personne immigrante vers la société d’accueil, et aussi des membres de la communauté locale vers les personnes nouvellement arrivées, d’où la nécessité du pont.

Les études démontrent que si ces activités de rapprochement et d’intégration permettent des rencontres interculturelles, celles-ci restent trop fréquemment superficielles ou ponctuelles, attirant des personnes québécoises déjà sensibilisées et toujours les mêmes.

D’autres démarches comme les jumelages par exemple, en mettant en lien des personnes qui arrivent avec celles qui sont déjà implantées, sont plus efficaces, car elles se déroulent dans la durée et permettent de mener diverses démarches et activités ensemble, en développant les compétences interculturelles de part et d’autre.

Vers une société inclusive?

Les résultats des processus de rapprochement interculturel et d’intégration paraissent souvent encore trop limités, ce qui ne permet pas la pleine rétention et participation des personnes immigrantes qui peuvent se retrouver isolées ou qui, parfois, se replient sur leur communauté d’origine. C’est pourquoi on parle maintenant d’inclusion. Cette fois, il ne s’agit plus de miser uniquement sur les ressemblances ou convergences culturelles, mais bien de développer des localités et des communautés qui prennent en compte les besoins différents de chacune et de chacun. Dans une ville inclusive, on reconnaît et on valorise les différences entre chaque personne en vue d’enrichir la qualité de vie de tous les citoyens. On met tout en œuvre pour que chacun ressente un sentiment d’appartenance, d’acceptation et de reconnaissance en tant que membre utile et apprécié de la société.

Et quand on parle d’inclusion, on s’adresse à des personnes différentes par leur origine, leur culture ou leur religion, mais aussi par leur genre, leur statut socio-économique, leur orientation sexuelle ou encore par le fait qu’elles soient ou non en situation de handicap.

L’inclusion permet dès lors de sortir des étiquettes stigmatisantes, immigrants, demandeurs d’asile, personnes handicapées ou pauvres, pour aller vers des programmes et des mesures qui répondent collectivement aux besoins différents de tous les citoyens, par exemple en logement, en intégration professionnelle, en éducation ou en participation sociale.

Les grandes orientations des collectivités inclusives

Deux grandes orientations guident les villes ou les communautés inclusives.

La perspective intersectionnelle

Nous avons toutes et tous plusieurs facettes à notre identité. Notre sexe, notre genre, notre histoire, notre langue et notre culture d’origine, notre classe sociale, notre groupe ethnique, notre religion ou encore notre orientation sexuelle et nos capacités diverses font de chacun de nous une personne avec une expérience unique sur le plan des avantages et des désavantages durant notre parcours de vie.

L’approche intersectionnelle permet de soulever les nombreuses couches qui composent les gens, les lieux et les relations de pouvoir. Elle aide à créer des politiques, des pratiques et des procédures qui répondent aux besoins d’une diversité de communautés et de groupes.

L’approche antiraciste

Cette stratégie pragmatique favorise les changements des systèmes et des institutions, mais aussi des attitudes envers les groupes et les personnes pouvant vivre du racisme et des discriminations raciales. Il s’agit de sortir des préjugés qui construisent le racisme pour aller vers plus d’équité et de justice sociale, quelles que soient les origines, la langue maternelle, la couleur de peau ou la religion des personnes. Cette approche est proactive et dans l’inclusion, elle donne les voies de l’action pour que chaque personne ait sa place reconnue et valorisée dans la société.

Et concrètement : 13 conseils pour rendre notre région et notre ville plus inclusives

  • Viser la représentation des personnes différentes, dont les personnes immigrantes et exposées au racisme, à tous les niveaux de nos organisations et institutions : municipalité, services sociaux et de santé, écoles, organismes communautaires, entreprises…
  • Veiller à cette diversité des personnes au sein de nos conseils d’administration et plus particulièrement dans les instances.
  • Augmenter et valoriser la participation sociale et citoyenne de toutes et tous, quels que soient les origines, la couleur de la peau, la date ou le statut d’arrivée dans la région.
  • Mettre en œuvre des mesures pour la reconnaissance effective des apports, compétences et contributions de toutes et tous, sans discrimination ou biais inconscients.
  • Développer dans nos organisations et entreprises des processus d’embauche et de promotion revus à l’aune des principes d’inclusion.
  • Initier des démarches éducatives inclusives tant envers les jeunes qu’envers les adultes, dans nos écoles, cégeps, universités ou encore dans les cours de francisation.
  • Multiplier et offrir des sensibilisations et des formations antiracistes et inclusives dans tous les milieux.
  • Favoriser les échanges intersectoriels.
  • Mettre en œuvre des communautés de pratique sur les questions d’inclusion, d’équité, de diversité et de lutte antiraciste.
  • Identifier et appliquer des politiques inclusives, des objectifs avec des indicateurs de réussite et une révision annuelle dans toutes nos instances.
  • Développer des financements récurrents pour les initiatives et processus d’inclusion de nos organismes et institutions.

Michèle Vatz-Laaroussi

Michèle Vatz-Laaroussi, docteure en psychologie interculturelle, est professeure émérite associée à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke, où elle a enseigné pendant 25 ans. Elle figure aussi au nombre des chercheurs partenaires du SoDRUS (Centre de recherche Société, Droit et Religions de l’Université de Sherbrooke) et est membre de l’Observatoire des Profilages. Elle est reconnue pour son engagement envers les enjeux d’immigration et d’inclusion sociale.

Les travaux de Madame Vatz-Laaroussi ont fait avancer les connaissances sur la médiation interculturelle, domaine auquel elle a contribué en développant des approches novatrices pour favoriser l’intégration des populations immigrantes dans les communautés locales.

En reconnaissance de l’impact international de ses recherches sur l’immigration dans les régions du Québec, elle a reçu le prix Hector Fabre en 2017, décerné par le ministère des Relations internationales et de la francophonie du Québec. 

Ses projets de recherche-action et ses démarches participatives l’ont également menée à collaborer avec des comités citoyens et des organismes communautaires, travaillant de manière collaborative pour répondre aux défis sociaux et culturels liés à l’immigration.

Depuis 2020, Madame Vatz-Laaroussi a également participé à des études sur le racisme et les discriminations dans les municipalités québécoises, hors Montréal, contribuant à enrichir le dialogue et les pratiques en matière d’équité et d’inclusion. Elle est co-autrice de plusieurs ouvrages importants, notamment Femmes et féminismes en dialogue : enjeux d’une recherche-action-médiation (2019), Visages du racisme contemporain. Les défis d’une approche interculturelle (2021) et La médiation interculturelle. Aspects théoriques, méthodologiques et pratiques (2022). Ces publications témoignent de son engagement pour une société inclusive et de sa vision pour des pratiques interculturelles ancrées dans la réalité des communautés locales.

C’est un honneur pour L’ANCRE de compter sur la collaboration de Michèle Vatz-Laaroussi, qui partage son expertise et ses perspectives éclairantes en contribuant à nourrir notre blogue.

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  • Une vingtaine d’employeurs présenteront leurs postes à combler.
  • Entrée libre et gratuite.

     

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Les bureaux seront fermés du 23 décembre au 7 janvier.

Toute l’équipe de L’ANCRE vous souhaite de joyeuses fêtes.