Quand la foi et l'humour cohabitent ensemble
À seulement 24 ans, Caleb Amoussou jongle entre deux vocations qui, à première vue, peuvent sembler opposées : pasteur et humoriste.
Originaire de Longueuil, il s’est fait remarquer par son humour intelligent et authentique, explorant avec finesse des thématiques d’identité, d’intégration et de différences culturelles.
Depuis son premier spectacle Ma vie de Noir (disponible sur YouTube), il utilise la scène comme un espace de réflexion et de rires, abordant des sujets parfois sensibles avec une légèreté désarmante.
Quelques semaines avant son passage sur scène, le 22 février, lors de la soirée spectacle Blagues et blues : héritages en fête, un événement organisé par L’ANCRE dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec lui sur son parcours singulier, sa vision de l’humour et la manière dont il concilie foi et comédie.

Un parcours humoriste non tracé
Caleb Amoussou n’a pas grandi avec l’ambition de faire de l’humour une carrière. Pasteur et étudiant en théologie, il termine actuellement son baccalauréat tout en exerçant son ministère à La Prairie. Pourtant, c’est lors d’un projet scolaire en 5ᵉ secondaire que l’humour s’est imposé à lui. Un professeur lui suggère alors, presque sur le ton de la blague, de monter un spectacle humoristique. Loin de se douter qu’il venait de semer une graine, Caleb relève le défi et écrit un spectacle d’une heure. Le succès de cette première expérience marque un tournant.
« J’aime les défis », confie-t-il, et cette audace le pousse à poursuivre dans cette voie.

Il enchaîne ensuite les prestations, participe à des concours comme Cégeps en spectacle et partage son regard sur son parcours d’immigrant avec humour et bienveillance.
Son premier spectacle, Ma vie de Noir, illustre bien cette approche dans laquelle l’humour sert de pont entre les cultures et les expériences de vie.
Pour Caleb, l’humour est bien plus qu’un simple divertissement. Il le voit comme un moyen d’aborder des sujets parfois délicats sous un angle plus accessible.
« Parfois, rire permet de dédramatiser des situations et d’amener une réflexion », explique-t-il.
L’intégration, les différences culturelles et l’identité sont au cœur de ses sketches, mais toujours avec une volonté de rassembler. Son écriture est très personnelle et s’inspire directement de son vécu.
« J’écris sur des situations que j’ai vécues ou observées », raconte-t-il.
Avant de monter sur scène, il teste ses blagues auprès de son premier public : ses deux frères et sa femme, qui lui donnent leurs impressions et suggestions. Un processus efficace, qui lui permet de peaufiner son matériel avant de le livrer devant une audience plus large.
Entre foi et humour : un équilibre assumé
La double casquette de Caleb intrigue souvent. Comment concilie-t-il son rôle de pasteur et celui d’humoriste? Pour lui, il n’y a pas d’opposition entre les deux.
« Mon identité première, c’est celle d’un chrétien, et cela se reflète naturellement dans mon humour », affirme-t-il.
Attaché à des valeurs fortes, il choisit donc d’éviter la vulgarité et les sujets trop controversés, préférant miser sur un humour accessible à tous.
Plutôt que de voir cela comme une contrainte, il considère que cette approche lui permet de démontrer que l’on peut faire rire sans tomber dans la provocation.
Il voit aussi l’humour comme un moyen d’amener certaines personnes à s’intéresser à son parcours et à sa foi.
« Si en me découvrant sur scène, les gens vont ensuite chercher à en savoir plus sur moi, alors, tant mieux », dit-il avec simplicité.
Bien qu’il ne cherche pas activement à percer dans le milieu de l’humour, Caleb reste toujours prêt à monter sur scène lorsqu’on lui propose des opportunités. Il préfère laisser les choses venir à lui, se concentrant sur les invitations qu’il reçoit plutôt que de chercher activement à s’imposer dans le circuit des comédies clubs.

Quant à l’avenir, il n’exclut pas de créer un troisième spectacle, même s’il est conscient du travail que cela représente.
« J’aimerais bien un jour, mais je ne sais pas quand », confie-t-il.
En attendant, il continue de jongler entre sa mission pastorale et son amour pour la scène, prouvant qu’il est possible d’être à la fois un guide spirituel et un artiste du rire.
Un spectacle à ne pas manquer
Pour son spectacle du 22 février, il proposera un mélange de nouveaux textes et d’extraits de ses anciens spectacles, soigneusement sélectionnés pour l’événement.
« J’ai travaillé sur du nouveau matériel, mais j’ai aussi repris des numéros qui s’intègrent bien dans le contexte de la soirée », explique-t-il.
Le public aura donc l’occasion de découvrir un humoriste au parcours unique, capable de faire rire tout en apportant un regard pertinent et sincère sur son histoire et son identité.
Article écrit suite à une entrevue avec Caleb Amoussou, par Émilie Rey, responsable des communications du Quartier de l’emploi.